La felouque
oubliée – Episode 5
Le
silence était pesant. Tassadit et Dihem restèrent ainsi enlacés durant de
longues minutes.
-
C’est
ton mari n’est ce pas Tassadit ?
-
Oui…
Cela fait 4 ans que nous sommes mariés et c’est la première fois qu’il me fait
une telle déclaration d’amour… Je t’avoue que je suis bouleversée et mes
pensées sont confuses…. Je crois que je vais avoir besoin de m’isoler un peu
pour réfléchir Dihem. Je vais rejoindre mon hôtel. Retrouvons nous demain sur
la plage où nous nous sommes rencontrés veux tu ?
-
Comme
tu voudras. Avant de partir laisse moi t’offrir ces quelques coquelicots, je
sais combien tu les aimes. Et voici deux petits cadeaux. Ne les ouvrent pas
tout de suite.
Tassadit
reçu ces présents avec émotion. Elle regarda intensément Dihem au point qu’il
du baisser les yeux.
-
Tes
yeux…ma petite caméléonne… ton regard si intense…. Et ce fluide quand tu me
prends la main… c’est unique… quoi que tu décides demain, sache que nous
faisons partie de ces êtres rares dont la rencontre est pour la vie….que nous
soyons ensemble ou séparés… Pars sereine ma chérie. Je serai toujours là pour
toi.
Le dilemme
Avant
de rejoindre son hôtel, Tassadit s’installa à une terrasse d’un café face à la
mer. Elle commanda un verre de vin de palme, une fabrication artisanale de
Kerkennah faite avec la sève du palmier. Un remontant était nécessaire après ce
choc émotionnel.
La
mer était calme. Au fond d’elle, une tempête de sentiments. Quoi faire ?
Eric
l’aimait de toute évidence et pour la première fois il était arrivé à le lui
dire. Il semblait si décidé à ce qu’ils deviennent enfin un vrai couple. Eric
est si stable et solide.
Dihem
est l’homme qui l’a révélée en tant que femme. Il lui a permis de découvrir des
facettes d’elle insoupçonnées. Tout comme elle, Dihem est un homme passionné,
indépendant et rebelle. Quel pourrait être l’avenir avec lui ? Pourrait-elle
tout abandonner pour lui ? Si loin de sa famille… Et pourtant Dihem est un
homme dont elle ne se lassera jamais, elle le ressentait au plus profond d’elle-même.
Arrivée
à l’hôtel, Tassadit ouvrit les paquets remis par Dihem. Il s’agissait d’une
felouque miniature en bois d’olivier merveilleusement sculptée. Au fond de la
barque, ce mot susurré par Dihem à son oreille : nhibbik (je t’aime). Dans
un autre paquet, un petit coffre à bijoux avec un poulpe criant de réalisme.
« C’est mon
homme »
La
nuit fut courte pour Tassadit. Elle avala quelques figues et un peu de bsissa.
Elle s’installa à une terrasse près de la plage où elle devait retrouver Dihem
et commanda un thé à la menthe.
Au
loin, une silhouette qu’elle reconnue entre mille. Dihem. Tassadit le dévorait
des yeux avec fierté et se dit « c’est mon homme ». Dihem avait
quelque chose qui fascinait homme ou femme ; il était solaire et
charismatique. Tassadit en le regardant se disait que Dihem ferait toujours
partie de sa vie quoi qu’il advienne. Leurs vies seraient à jamais mêlées.
-
Bonjour
ma petite caméléonne. Comment te sens-tu ?
-
Bonjour
Dihem ; la nuit fut courte. Pardonne-moi d’être partie ainsi. Je te dois
des excuses et surtout des explications.
-
Je
ne t’en veux pas. Je considère la chance de t’avoir rencontrée et la place que
tu as maintenant dans ma vie. Je sais que tu ne resteras pas près de moi.
-
Pourquoi
dis tu ça ? je n’ai encore rien dit.
-
Tu
es une femme belle et intelligente. Tu as une fougue en toi et une rage de
vivre avec passion. Ton mari, dont tu m’as peu parlé, a l’air de t’offrir une
stabilité dont tu as besoin pour te tempérer. Notre amour est intense et nous
dépasse tous les deux. Tu as raison de penser, je le vois dans tes yeux, que
notre vie serait moins constante et stable. Nous sommes indépendants tous les
deux. Ensemble ou séparés nous continuerons de nous aimer, à vie.
-
Dihem…
tu lis en moi à livre ouvert. Je t’aime aussi tu le sais. Tout ce que tu dis
est juste. Si je reste près de toi, ici et maintenant, à Kerkennah, je me perdrais
et tu en seras malheureux. J’ai encore des choses à vivre loin de toi pour
mieux te retrouver. Car tu le sais comme moi on se retrouvera….
-
Quand
pars-tu ? dit Dihem d’une voix tremblante
-
Je
prends le bateau cet après midi pour Sfax et un vol pour Paris dans la soirée…
Tes cadeaux
Dihem sont magnifiques. Je les garderai toujours, je te le promets. Et un jour,
tu me mettras toi-même ce collier avec ce pendentif en forme de felouque autour
du cou.
Dihem
et Tassadit passèrent les dernières heures loin du regard des autres, loin de
cette réalité écrasante. Dans l’alcôve de leur amour, corps et esprits
communièrent pour tisser un lien indestructible.
La suite de La
Felouque oubliée dans le prochain épisode
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à laisser vos commentaires !!