Ce blog a pour simple vocation de partager avec vous des textes et des billets d'humeur sur des sujets divers, et des poèmes... Il ne s'agit pas de récits autobiographiques même si l'inspiration puise sa source dans des faits réels...
Vénus pensait
avoir réussi le pari d’oublier Mars quand une chanson entendue à la radio lui
rappela que c’était peine perdue…
« Se quitter pour se retrouver C’est notre vie, c’est notre histoire, C’est notre façon de s’aimer, Fait de bonjours et d’au-revoirs Ta main m’envoie comme un baiser, Et tu t’éloignes dans le soir, Doucement je vais rentrer, Le cœur barbouillé d’espoir. Les jours passent et l’on reste Face à face toujours étonnés Quoi qu’on fasse tous nos gestes Nous déplacent ensemble à jamais. » Daniel Guichard, Notre Histoire
Si j’avais su…
Si
j’avais su te parler
Te
dire le manque de toi Depuis
ce jour de février Où
j’ai pris une autre voie
Serais tu encore
là ?
Si
j’avais su te confier
Mes
doutes et mes peurs En
cessant de te défier Et
provoquer des heurts
Serais-tu encore
là ?
Si
je pouvais enfin te dire
Combien
mon cœur s’asphyxie De
tout cet amour sans vie Et
que je voudrais t’offrir…
Une conversation avec une femme de 86 ans m’a fait prendre
conscience de la difficulté d’être une personne âgée dans notre société.
Nous passons notre vie, pour la plupart, à travailler, à
construire notre vie avec pour ligne d’horizon le fameux « plus tard quand
on sera vieux ». Certains auront épargné tels des écureuils, d’autres
auront investi dans du bâti parce qu’ils ont entendu que c’était une valeur
sure. Pour d’autres encore, des milliers de projets seront reportés à ce moment
tant attendu de la retraite.
Ces raisonnements sont, me direz-vous, essentiellement guidés
par le matériel. Cela nous rassure sans doute. On a alors moins peur si l’on
s’est assuré un confort. L’épargne nous permettra de payer des aides à domicile
pour faire ce que l’on ne pourra plus accomplir, puis grâce à la vente de notre
maison on pourra s’offrir un appartement dans une résidence pour personnes
âges.
Et c’est là qu’intervient cette femme que j’ai rencontré qui
se prénomme Mauricette. Son visage est lumineux et ses yeux encore pétillants
de vie malgré les griffes du temps sur son visage. Les rides sont là pour
rappeler son vécu et ont recueilli au fur et à mesure des années les coulées de
joies et de larmes.
Mauricette a été mariée durant 55 ans et a été séparée de son
mari par la mort (NDLR : et oui difficile de l’imaginer aujourd’hui…).
Elle a eu 10 enfants et 27 petits enfants. Comme elle s’est beaucoup occupée de
sa famille, Mauricette a peu travaillé. Elle a donc une toute petite retraite
de 600 euros. Tout juste de quoi payer son loyer dans cette résidence et ses
factures. Mauricette me raconte qu’il lui reste juste assez pour s’acheter
quelques produits alimentaires et ses changes car elle souffre d’incontinence.
Elle se contente bien souvent le soir de biscottes et de lait.
Sur son buffet les nombreuses photos de ses enfants et petits
enfants. Constatant le regard posé sur ses photos, Mauricette se mit à pleurer.
« Je ne vois plus aucun de mes enfants ni petits enfants » me dit
elle.
Et là elle m’expliqua qu’au décès de son mari, les enfants se
sont disputés leur part d’héritage et voulaient récupérer des objets que
Mauricette souhaitait conserver de son vivant. Depuis cette date, plus aucune
visite ni aucun coup de fil. 5 de ses enfants sont décédés et les belles-filles
ont refusé la présence de Mauricette à l’enterrement….
« Seule » me dit Mauricette « Je me sens
seule… ». Les journées se ressemblent pour Mauricette ; elle passe de
son lit à son fauteuil avec son déambulateur. Après la toilette, quelques pas
dans le long couloir de la résidence puis la télé. Sa plus fidèle amie comme
elle l’a décrit. Elle passe des heures à sa fenêtre à regarder la vie défiler
devant ses yeux. Elle attend la fin dit elle, sans bruits, sans gêner personne.
Combien de Mauricette dans notre société ? Combien se cachent
derrière les murs de ces résidences pour personnes âgées ? Elles attendent
sagement l’heure de la fin sans rien demander à personne. Elles préfèrent
souffrir en silence.
Nous sommes dans une société où l’eugénisme a pris la plus
grande place. Des hommes et des femmes luttent au quotidien pour effacer toutes
traces du temps sur leur visage et corps. Ils dépensent même des milliers d’euros
faisant ainsi vivre dans le luxe quelques grands laboratoires.
Dès que les signes du temps sont trop visibles on est exclu
de la société. Trop vieux pour travailler, trop vieux pour l’amour, « trop
vieux tout court »… Et pour ne pas embarrasser les actifs on fini par
parquer les personnes âgées dans des résidences. On se dit qu’ils sont bien
installés et petit à petit on les oublie trop occupés par notre petite vie.
Pourtant ils ont été des hommes et des femmes actifs eux
aussi, ils ont participé au développement de la société. Pourtant ils ont été
des pères et des mères éduquant jour après jour ceux qui, aujourd’hui, détournent
leur regard. Ces mêmes enfants qui ne
prennent plus le temps d’aller leur rendre visite mais qui s’empresseront de se
déplacer le jour de l’héritage…
Quel manque de respect tout de même…Imaginons-nous un seul instant à leur place…
Quelle souffrance cela doit être que d’être ainsi relégué tel un rebut de la
société dans ces mouroirs…
J’ose croire et espérer à un éveil des consciences afin que
vieillesse rime un jour avec respect à l’instar de ce qui se passe dans d’autres
pays.Il est en effet des contrées où l’on
s’adresse avec un infini respect à la personne âgée, où on lui cède sa place
dans les transports en commun, où on lui porte ses courses gracieusement sans qu’elle en
fasse la demande, où on lui rend visite pour écouter son expérience et toutes
les histoires d’antan….