jeudi 26 avril 2012

LES POEMES DE ZE VENUS - SI J'AVAIS SU...


Vénus pensait avoir réussi le pari d’oublier Mars quand une chanson entendue à la radio lui rappela que c’était peine perdue…
 «  Se quitter pour se retrouver
 C’est notre vie, c’est notre histoire,
 C’est notre façon de s’aimer,
 Fait de bonjours et d’au-revoirs
Ta main m’envoie comme un baiser,
Et tu t’éloignes dans le soir,
Doucement je vais rentrer,
Le cœur barbouillé d’espoir.
Les jours passent et l’on reste
Face à face toujours étonnés
Quoi qu’on fasse tous nos gestes
Nous déplacent ensemble à jamais. »
             Daniel Guichard, Notre Histoire

Si j’avais su…

Si j’avais su te parler
Te dire le manque de toi
Depuis ce jour de février
Où j’ai pris une autre voie

Serais tu encore là ?

Si j’avais su te confier
Mes doutes et mes peurs
En cessant de te défier
Et provoquer des heurts

Serais-tu encore là ?

Si je pouvais enfin te dire
Combien mon cœur s’asphyxie
De tout cet amour sans vie
Et que je voudrais t’offrir…

Reviendrais- tu ?

ZE VENUS ZB, 26 avril 2012

mercredi 4 avril 2012

LE BILLET D'HUMEUR DE ZE VENUS - LE REBUT


Le rebut

Une conversation avec une femme de 86 ans m’a fait prendre conscience de la difficulté d’être une personne âgée dans notre société.
Nous passons notre vie, pour la plupart, à travailler, à construire notre vie avec pour ligne d’horizon le fameux « plus tard quand on sera vieux ». Certains auront épargné tels des écureuils, d’autres auront investi dans du bâti parce qu’ils ont entendu que c’était une valeur sure. Pour d’autres encore, des milliers de projets seront reportés à ce moment tant attendu de la retraite.
Ces raisonnements sont, me direz-vous, essentiellement guidés par le matériel. Cela nous rassure sans doute. On a alors moins peur si l’on s’est assuré un confort. L’épargne nous permettra de payer des aides à domicile pour faire ce que l’on ne pourra plus accomplir, puis grâce à la vente de notre maison on pourra s’offrir un appartement dans une résidence pour personnes âges.
Et c’est là qu’intervient cette femme que j’ai rencontré qui se prénomme Mauricette. Son visage est lumineux et ses yeux encore pétillants de vie malgré les griffes du temps sur son visage. Les rides sont là pour rappeler son vécu et ont recueilli au fur et à mesure des années les coulées de joies et de larmes.
Mauricette a été mariée durant 55 ans et a été séparée de son mari par la mort (NDLR : et oui difficile de l’imaginer aujourd’hui…). Elle a eu 10 enfants et 27 petits enfants. Comme elle s’est beaucoup occupée de sa famille, Mauricette a peu travaillé. Elle a donc une toute petite retraite de 600 euros. Tout juste de quoi payer son loyer dans cette résidence et ses factures. Mauricette me raconte qu’il lui reste juste assez pour s’acheter quelques produits alimentaires et ses changes car elle souffre d’incontinence. Elle se contente bien souvent le soir de biscottes et de lait.
Sur son buffet les nombreuses photos de ses enfants et petits enfants. Constatant le regard posé sur ses photos, Mauricette se mit à pleurer. « Je ne vois plus aucun de mes enfants ni petits enfants » me dit elle.
Et là elle m’expliqua qu’au décès de son mari, les enfants se sont disputés leur part d’héritage et voulaient récupérer des objets que Mauricette souhaitait conserver de son vivant. Depuis cette date, plus aucune visite ni aucun coup de fil. 5 de ses enfants sont décédés et les belles-filles ont refusé la présence de Mauricette à l’enterrement….
« Seule » me dit Mauricette « Je me sens seule… ». Les journées se ressemblent pour Mauricette ; elle passe de son lit à son fauteuil avec son déambulateur. Après la toilette, quelques pas dans le long couloir de la résidence puis la télé. Sa plus fidèle amie comme elle l’a décrit. Elle passe des heures à sa fenêtre à regarder la vie défiler devant ses yeux. Elle attend la fin dit elle, sans bruits, sans gêner personne.
Combien de Mauricette dans notre société ? Combien se cachent derrière les murs de ces résidences pour personnes âgées ? Elles attendent sagement l’heure de la fin sans rien demander à personne. Elles préfèrent souffrir en silence.
Nous sommes dans une société où l’eugénisme a pris la plus grande place. Des hommes et des femmes luttent au quotidien pour effacer toutes traces du temps sur leur visage et corps. Ils dépensent même des milliers d’euros faisant ainsi vivre dans le luxe quelques grands laboratoires.
Dès que les signes du temps sont trop visibles on est exclu de la société. Trop vieux pour travailler, trop vieux pour l’amour, « trop vieux tout court »… Et pour ne pas embarrasser les actifs on fini par parquer les personnes âgées dans des résidences. On se dit qu’ils sont bien installés et petit à petit on les oublie trop occupés par notre petite vie.
Pourtant ils ont été des hommes et des femmes actifs eux aussi, ils ont participé au développement de la société. Pourtant ils ont été des pères et des mères éduquant jour après jour ceux qui, aujourd’hui, détournent leur regard.  Ces mêmes enfants qui ne prennent plus le temps d’aller leur rendre visite mais qui s’empresseront de se déplacer le jour de l’héritage…
Quel manque de respect tout de même…  Imaginons-nous un seul instant à leur place… Quelle souffrance cela doit être que d’être ainsi relégué tel un rebut de la société dans ces mouroirs…
J’ose croire et espérer à un éveil des consciences afin que vieillesse rime un jour avec respect à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays.  Il est en effet des contrées où l’on s’adresse avec un infini respect à la personne âgée, où on lui cède sa place dans les transports en commun, où on lui porte ses courses gracieusement sans qu’elle en fasse la demande, où on lui rend visite pour écouter son expérience et toutes les histoires d’antan….
ZE VENUS ZB, 4 avril 2012