Tassadit
La Bienheureuse
Chapitre
2 – L’adieu à l’enfance
Un
entre deux
Les années d’enfance de
Tassadit se sont déroulées dans l’insouciance propre aux enfants.
L’anniversaire de
Tassadit approchait à grands pas. 12 ans… Sa grand-mère ne cessait de lui
répétait qu’elle était maintenant une petite femme et que les choses allaient
changer pour elle.
Tassadit ne comprenait
pas vraiment à quoi faisait allusion sa grand-mère. Dans l’attente de ce jour
spécial, Tassadit continuait de vaquer à ses occupations. Elle avait davantage
de taches ménagères et de moins en moins de temps pour jouer dans les ruelles
du village. Quand il lui arrivait de le faire, sa mère lui lançait des regards
noirs et lui demandait de rentrer l’aider. Elle lui répétait en chemin qu’elle
n’avait plus l’âge et qu’elle avait besoin d’elle. La famille s’était en effet
agrandie et Tassadit avait trois frères de plus.
Elle était l’aînée de
la fratrie. Aussi, elle devait relayer sa mère pour la préparation des repas et
s’occuper de ses jeunes frères. Ce faisant, sa mère lui expliquait qu’ainsi
elle serait une bonne mère plus tard et une épouse dont son mari serait fier.
Tassadit ne fréquentait
pas l’école. Son père et sa mère s’étaient mis d’accord pour qu’elle reste à la
maison pour les aider. L’un de ses frères et sa sœur cadette s’y rendaient et
lui racontaient leurs journées. Elle s’en amusait mais ne les enviait pas.
Tassadit avait vite compris sa position d’aînée et s’y était résignée.
Tassadit baignait dans
ce discours endoctrinant visant à la préparer à ce seul objectif : devenir
une épouse et une mère. Il en était ainsi des jeunes filles dans la kabylie des
années 1970.
Une
récréation
Les journées étaient
rythmées par les allers et venues au puits du village. L’eau courante n’existait
pas. Il fallait donc trois fois par jour remplir tous les bidons, jarres et
autres contenants disponibles pour satisfaire à tous les besoins de la famille.
Tassadit aimait se
rendre au puits du village. C’était sa récréation. Elle y retrouvait des jeunes
filles de son âge avec qui elle bavardait pendant qu’elle puisait l’eau.
Chacune y allait des ses petits malheurs, des ses rêveries. Tassadit aimait ce
moment de liberté où elle pouvait tout dire.
La tache était rude et
longue ; aussi elles avaient le temps pour discuter et parfois elles jouaient
aux osselets. Les plus âgées racontaient les regards échangés avec quelques
jeunes hommes du village, prémices de fiançailles à venir.
Ces histoires faisaient
sourire Tassadit. Elle n’y pensait pas encore même si elle avait repéré un
jeune de 13 ans toujours présent lorsqu’elle se rendait au puits. Simple hasard sans
doute, se disait elle.
Les bidons remplis d’eau,
Tassadit les chargeait de façon astucieuse pour pouvoir en porter deux ou
trois. Elle utilisait un linge qu’elle enroulait de sorte à en faire un gros
boudin. Tassadit le nouait autour de sa taille. Elle pouvait ainsi poser deux
bidons dessus dans le dos qu’elle retenait par une cordelette. Il lui arrivait d’ajouter
un autre contenant sur sa tête enrubannée.
Tassadit accomplissait
cette tache sans se plaindre. Il appartenait aux femmes du village de s’occuper
de l’eau ; elle avait déjà bien conscience de sa position de femme en
devenir.
La
suite dans le chapitre 3…
ZE
VENUS ZB, 8 septembre 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N'hésitez pas à laisser vos commentaires !!