lundi 8 septembre 2014

LES NOUVELLES - TASSADIT -Chapitre 2 : L'adieu à l'enfance

Tassadit La Bienheureuse
Chapitre 2 – L’adieu à l’enfance


Un entre deux

Les années d’enfance de Tassadit se sont déroulées dans l’insouciance propre aux enfants.
L’anniversaire de Tassadit approchait à grands pas. 12 ans… Sa grand-mère ne cessait de lui répétait qu’elle était maintenant une petite femme et que les choses allaient changer pour elle.
Tassadit ne comprenait pas vraiment à quoi faisait allusion sa grand-mère. Dans l’attente de ce jour spécial, Tassadit continuait de vaquer à ses occupations. Elle avait davantage de taches ménagères et de moins en moins de temps pour jouer dans les ruelles du village. Quand il lui arrivait de le faire, sa mère lui lançait des regards noirs et lui demandait de rentrer l’aider. Elle lui répétait en chemin qu’elle n’avait plus l’âge et qu’elle avait besoin d’elle. La famille s’était en effet agrandie et Tassadit avait trois frères de plus.
Elle était l’aînée de la fratrie. Aussi, elle devait relayer sa mère pour la préparation des repas et s’occuper de ses jeunes frères. Ce faisant, sa mère lui expliquait qu’ainsi elle serait une bonne mère plus tard et une épouse dont son mari serait fier.
Tassadit ne fréquentait pas l’école. Son père et sa mère s’étaient mis d’accord pour qu’elle reste à la maison pour les aider. L’un de ses frères et sa sœur cadette s’y rendaient et lui racontaient leurs journées. Elle s’en amusait mais ne les enviait pas. Tassadit avait vite compris sa position d’aînée et s’y était résignée.
Tassadit baignait dans ce discours endoctrinant visant à la préparer à ce seul objectif : devenir une épouse et une mère. Il en était ainsi des jeunes filles dans la kabylie des années 1970.

Une récréation

Les journées étaient rythmées par les allers et venues au puits du village. L’eau courante n’existait pas. Il fallait donc trois fois par jour remplir tous les bidons, jarres et autres contenants disponibles pour satisfaire à tous les besoins de la famille.
Tassadit aimait se rendre au puits du village. C’était sa récréation. Elle y retrouvait des jeunes filles de son âge avec qui elle bavardait pendant qu’elle puisait l’eau. Chacune y allait des ses petits malheurs, des ses rêveries. Tassadit aimait ce moment de liberté où elle pouvait tout dire.
La tache était rude et longue ; aussi elles avaient le temps pour discuter et parfois elles jouaient aux osselets. Les plus âgées racontaient les regards échangés avec quelques jeunes hommes du village, prémices de fiançailles à venir.
Ces histoires faisaient sourire Tassadit. Elle n’y pensait pas encore même si elle avait repéré un jeune de 13 ans toujours présent lorsqu’elle se rendait au puits. Simple hasard sans doute, se disait elle.
Les bidons remplis d’eau, Tassadit les chargeait de façon astucieuse pour pouvoir en porter deux ou trois. Elle utilisait un linge qu’elle enroulait de sorte à en faire un gros boudin. Tassadit le nouait autour de sa taille. Elle pouvait ainsi poser deux bidons dessus dans le dos qu’elle retenait par une cordelette. Il lui arrivait d’ajouter un autre contenant sur sa tête enrubannée.
Tassadit accomplissait cette tache sans se plaindre. Il appartenait aux femmes du village de s’occuper de l’eau ; elle avait déjà bien conscience de sa position de femme en devenir.


La suite dans le chapitre 3…


ZE VENUS ZB, 8 septembre 2014 

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