dimanche 7 septembre 2014

LES NOUVELLES - TASSADIT - Une enfance heureuse

TASSADIT - Retour et suite de son histoire

En juin 2013, j'avais commencé à vous raconter l'histoire de TASSADIT. Le premier épisode est "Une enfance heureuse". Des amis m'ont incitée à écrire la suite pour continuer de découvrir cet univers kabyle. Pour les personnes qui ne l'avaient pas lu et pour les autres se le remémorer, je publie de nouveau ce premier épisode avant de livrer la suite.

Article de juin 2013 

"Après le texte autobiographique sur mon enfance kabyle, des amis m’ont questionnée sur les coutumes kabyles, les rapports hommes femmes de l’époque, la place des enfants dans les familles, etc… De ce questionnement et des nombreuses conversations avec mes enfants toujours friands de mes souvenirs d’enfance, j’ai eu envie d’écrire une sorte de nouvelle dont l’héroïne serait Tassadit, une kabyle. A travers son récit vous pourrez découvrir des éléments de la culture kabyle. Cette histoire n’a aucune valeur historique. Elle puise sa source dans des faits relatés par des proches et dans mon vécu."


Tassadit – Une enfance heureuse

Tassadit (qui signifie « la bienheureuse » en kabyle) habite un petit village nommé Akbou qui se trouve en petite kabylie à une heure environ de la grande ville côtière de Bejaïa (située à l’est d’Alger). Elle habite dans une maison avec une cour à ciel ouvert comme celle qui a été décrite dans le texte précédent (Une enfance Kabyle). Tassadit est l’aînée de 3 enfants. Elle a 5 ans, sa sœur 4 ans, et son frère, 3 ans.

Une famille élargie

Tassadit et toute sa famille habitent dans la maison de ses grands-parents paternels. C’était ainsi à l’époque, la mariée venait s’installer dans la maison de ses beaux-parents. Il était rare de trouver des jeunes mariés ayant leur maison sitôt le mariage passé. Il y avait ainsi 3 voire 4 générations sous le même toit. Tassadit, dans ses 3 premières années, a eu le plaisir de côtoyer son arrière grand-père. Elle n’en a que peu de souvenir mais ce sont de bons souvenirs. C’était son papy chasseur. Il était petit mais robuste et trapu. Il adorait la chasse et Tassadit se souvenait de ses retours de chasse. Il étalait fièrement ses captures (des cailles très souvent). Sa grand-mère les plumait soigneusement assise sur une natte posée au sol. Elle finissait d’enlever les plumes en passants rapidement les cailles au-dessus du feu. Tassadit adorait cette odeur. Aujourd’hui encore elle lui rappelle son arrière-grand père chasseur.

 L’école de la vie

Tassadit, comme tous les enfants du village, n’allait pas à l’école avant 7 ans. Aussi elle avait de belles années d’école de la vie !! Après son petit déjeuner (un morceau de galette et du lait frais) elle rejoignait ses copains et copines du même âge dans les ruelles du village.

Ils passaient leur matinée à jouer aux osselets, fabriquaient des ballons avec lesquels ils jouaient jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Ils utilisaient des brindilles pour dessiner sur la terre battue, suivaient en les observant les serpents près du torrent, jouaient à s’éclabousser avec de l’eau,et… Les rues de leur village n’étaient pas goudronnées. Les enfants et les adultes marchaient donc bien souvent pieds nus. Tassadit adorait particulièrement sentir la terre sous pieds. Ses tantes la taquinaient sur ce point et lui disait qu'elle était une vraie fille de la terre. Des années plus tard, quand Tassadit sera adulte, elle continuera de rester pieds nus chez elle… comme un clin d’œil à ses racines…

Tassadit rentrait ensuite déjeuner avec ses parents, grands-parents, frère et sœur. Bien souvent, un plat constitué de poivrons grillés, tomates grillés, cuisinés à l’huile d’olive et qu’on mangeait à l’aide de galette de blé dur. Nul besoin de fourchette !! La famille s’attablait autour d’une table basse et s’asseyait sur de petits tabourets façonnés sur mesure par son grand-père. Ainsi ils étaient au bon niveau pour être à l’aise.

Une dolce vita kabyle
Pendant que sa mère et sa grand-mère s’affairaient dans la cuisine. Tassadit rejoignait son grand-père  à l’ombre de l’olivier. Alors, la tête sur ses genoux, elle l’écoutait lui raconter des histoires d’antan qui commençaient toujours par « amachao » (il était une fois en kabyle). Elle s’endormait parfois sur la natte posée à même le sol à l’ombre de l’olivier protecteur. Tassadit gardera toujours en elle cette sensation d’apaisement à la vue des oliviers.

Le village devenait silencieux de 12 à 16 h. Il faisait trop chaud pour s’affairer donc petits et grands faisaient la sieste. Au réveil, pendant que les grands vaquaient à leurs occupations (qui de laver du linge à la main, qui d’aller chercher de l’eau au puits du village, de nettoyer la maison, etc), Tassadit allait retrouver ses amis. Elle jouait ainsi jusqu’au dîner. Parfois, son grand-père lui donnait une petite pièce qui lui permettait de s’acheter un bonbon à l’épicerie ou une glace à l’eau.

Les heures s’écoulaient ainsi en douceur pour Tassadit. Une enfance heureuse en somme faite de découvertes, d’amusement, et d’apprentissage à l’école de la vie. Pas de télévision, pas de jeux vidéos et nul besoin car les enfants étaient pleins de ressources et d’imagination avec ce qu’ils trouvaient dans la nature. Les enfants étaient en sécurité dans le village car tous les adultes veillaient sur eux. Ils ne risquaient donc rien et se savaient protégés.

Ainsi se sont déroulées les 7 premières années de Tassadit.


Dans le prochain épisode, nous découvrirons comment Tassadit basculera de cette petite enfance insouciante et candide à l’adolescence et aux prémices de sa future vie de femme dans une société kabyle à domination masculine….

ZE VENUS ZB, 7 septembre 2014 

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