Et si ce n'était qu’un rêve ?
Eros avait encore les yeux rougis du manque de sommeil
et les cheveux tout chiffonnés quand il prit, non sans peine, son ordinateur.
Il était posé là près de lui à même son lit… Peut être pour mettre moins
de distance entre elle et lui.…
Elle... cela fait maintenant des jours et des jours
qu'il guette le moindre signe d'elle par mail…C’est ainsi qu'il avait fait sa
connaissance. Une étoile perdue au milieu de cette galaxie du virtuel, se
disait il souvent.
Il naviguait ce jour là sur la toile davantage guidé
par sa souris d'ordinateur que de son libre arbitre. Le hasard pour les uns,
l’intuition pour d'autres, le guida sur le blog de ce qu'il pensait être une
énième page internet d’une littéraire frustrée. De celles qui, sans pudeur,
étale leurs états d'âmes au vu et au su de tous.
Il n'en était rien. Eros découvrit des textes
empreints de tant de pudeur et de sensibilité effleurée qu'il s'en émut.
Pris dans l’élan du trop beau pour être vrai, Eros
consacra une partie de sa nuit à lire “son"blog. La fatigue, telle
une amie protectrice ce soir là, l’amena à rejoindre son lit.
Le lendemain, tout en se frottant les yeux, Eros se
demandait s'il avait rêvé. Son corps frissonnait encore des émotions
ressenties. Vite, il lui fallait le vérifier. Quelques clics, un mot de passe
et une joie l'éclaboussa frontalement. Non seulement il n'avait pas imaginé
cette découverte mais il eut la surprise de lire un mail qu'il lui avait adressé
à 2 h du matin “Ton blog fait plaisir à lire. En fait, depuis 2 heures que je parcours
ton blog je vais de surprise en surprise ! Une telle transparence et une telle
justesse... aussi bien dans la forme que dans le fond ...c'est simplement
magnifique. J'ai l'impression de te connaitre, pire, de me reconnaitre ! C'est
époustouflant ! Serions-nous donc tous si identique que de racines différentes
des tiennes, nous puissions ressentir les mêmes choses. J'ai pris un plaisir
inhabituel. Tes histoires, poèmes pourraient être mes livres de chevets. Et,
plus encore d'ailleurs, j'en demande le soir et j'en voudrais les jours. Je ne
m'arrête qu'épuisé par la fatigue car il est tard mais tes textes ont déployés
en moi de vertigineuses sensations. Tu m'as permis de retrouver des sens
presque oubliés, mais surtout de retrouver ce doux sentiment qui est cette
merveille de la vie, de notre existence tu vois de quoi je parle j'en suis sur… »
Eros s’étonnait presque d’avoir pu écrire de telles phrases. Il était
loin d’être dextre dans le maniement des mots ; enfin c’est ce qu’il
croyait…
Un grand
sourire illumina son visage à la lecture de la réponse de cette
« Elle » : « Merci
infiniment d’avoir passé du temps à le lire. Le blog n'est pas entièrement
autobiographique et heureusement ! Plusieurs textes ont été inspirés par les
histoires de vie de personnes qui m'entourent...Et pour les textes dits
autobiographiques, la pudeur ne permet que de s'inspirer un peu de son
histoire et il faut bien souvent lire entre les lignes pour le déceler. Tu sembles
avoir une belle sensibilité pour avoir ressenti autant d’émotions à leur
lecture. Cela me touche. Tes phrases m’ont transportée… ».
Eros lâcha sa
souris d’ordinateur. Il lança un de ses morceaux préférés de Mark Knopfler
« Get Lucky » et s’allongea sur son lit. Les yeux rivés au plafond il
se laissa submerger par le flot de sensations qui l’inondaient. Il lui fallait
se lever pour éviter la noyade émotionnelle et la sécheresse ophtalmique. Il
passa de son lit à son canapé, l’ordinateur portable bien en main. Face à sa
baie vitrée, il augmenta le son de la musique. Les notes de Mark Knopfler
semblaient l’encourager à lui écrire. Et s’il commettait des maladresses ?
S’il écrivait mal ? Si ses fautes d’orthographes la rebutaient ? Elle
semble manier les mots avec une telle aisance, une telle justesse….
Eros se leva
d’un bond, comme pris d’une urgence vitale ; il ouvrit sa grande baie
vitrée et avala l’air frais du matin à pleins poumons. Ses battements de cœur
ralentissaient. Il pouvait lui répondre.
« Chère Elle, dont je ne connais même pas
le prénom. J'ai du rougir en lisant tes gentillesses. Elles me vont droit au
cœur Merci. Assis dans mon canapé, ou plutôt avachit comme à l'habitude, ma
baie vitrée grande ouverte, j'ai l'impression d’être dans une volière. Pies,
troglodytes, merles, mésanges, hirondelles, ils sont tous venus. Ils se
sont passés le mot pour me souhaiter une bonne journée, c'est sur. Je dois
presque tendre l'oreille pour percevoir la musique de Mark Knopfler, qui est
là, lui aussi, comme souvent. Tout ça ressemble à du bonheur. Les résineux de
la résidence font mon tableau. Sublimés par la grisaille de l’arrière plan. Des
verts de toutes nuances et de toutes formes. La fraicheur envahit peu à peu mon
appartement me rappelant qu'il va falloir me préparer pour sortir. Je commanderai à mon soleil d'aujourd’hui
d'aller visiter l’endroit où tu te trouves, histoire de te réchauffer. J'ai
l'impression qu'il perce, ça y est, premier rayon, et la lumière fut, je peux
décoller… avec qu’une hâte cependant… celle de rentrer pour te lire de
nouveau ».
La suite au
prochain épisode…
ZE VENUS ZB , 11 juin 2016
Ecriture à
4 mains
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