samedi 11 juin 2016

LES Z'AVENTURES DE ZE VENUS - ECRITURE A 4 MAINS

Et si ce n'était qu’un rêve ?

Eros avait encore les yeux rougis du manque de sommeil et les cheveux tout chiffonnés quand il prit, non sans peine, son ordinateur. Il était posé là près de lui à même son lit… Peut être pour mettre moins de distance entre elle et lui.…
Elle... cela fait maintenant des jours et des jours qu'il guette le moindre signe d'elle par mail…C’est ainsi qu'il avait fait sa connaissance. Une étoile perdue au milieu de cette galaxie du virtuel, se disait il souvent.

Il naviguait ce jour là sur la toile davantage guidé par sa souris d'ordinateur que de son libre arbitre. Le hasard pour les uns, l’intuition pour d'autres, le guida sur le blog de ce qu'il pensait être une énième page internet d’une littéraire frustrée. De celles qui, sans pudeur, étale leurs états d'âmes au vu et au su de tous.
Il n'en était rien. Eros découvrit des textes empreints de tant de pudeur et de sensibilité effleurée qu'il s'en émut.
Pris dans l’élan du trop beau pour être vrai, Eros consacra une partie de sa nuit à lire “son"blog. La fatigue, telle une amie protectrice ce soir là, l’amena à rejoindre son lit.

Le lendemain, tout en se frottant les yeux, Eros se demandait s'il avait rêvé. Son corps frissonnait encore des émotions ressenties. Vite, il lui fallait le vérifier. Quelques clics, un mot de passe et une joie l'éclaboussa frontalement. Non seulement il n'avait pas imaginé cette découverte mais il eut la surprise de lire un mail qu'il lui avait adressé à 2 h du matin “Ton blog fait plaisir à lire. En fait, depuis 2 heures que je parcours ton blog je vais de surprise en surprise ! Une telle transparence et une telle justesse... aussi bien dans la forme que dans le fond ...c'est simplement magnifique. J'ai l'impression de te connaitre, pire, de me reconnaitre ! C'est époustouflant ! Serions-nous donc tous si identique que de racines différentes des tiennes, nous puissions ressentir les mêmes choses. J'ai pris un plaisir inhabituel. Tes histoires, poèmes pourraient être mes livres de chevets. Et, plus encore d'ailleurs, j'en demande le soir et j'en voudrais les jours. Je ne m'arrête qu'épuisé par la fatigue car il est tard mais tes textes ont déployés en moi de vertigineuses sensations. Tu m'as permis de retrouver des sens presque oubliés, mais surtout de retrouver ce doux sentiment qui est cette merveille de la vie, de notre existence tu vois de quoi je parle j'en suis sur… »

Eros s’étonnait presque d’avoir pu écrire de telles phrases. Il était loin d’être dextre dans le maniement des mots ; enfin c’est ce qu’il croyait…

Un grand sourire illumina son visage à la lecture de la réponse de cette « Elle » : « Merci infiniment d’avoir passé du temps à le lire. Le blog n'est pas entièrement autobiographique et heureusement ! Plusieurs textes ont été inspirés par les histoires de vie de personnes qui m'entourent...Et pour les textes dits autobiographiques, la pudeur ne permet que de s'inspirer un peu de son histoire et il faut bien souvent lire entre les lignes pour le déceler. Tu sembles avoir une belle sensibilité pour avoir ressenti autant d’émotions à leur lecture. Cela me touche. Tes phrases m’ont transportée… ».
Eros lâcha sa souris d’ordinateur. Il lança un de ses morceaux préférés de Mark Knopfler « Get Lucky » et s’allongea sur son lit. Les yeux rivés au plafond il se laissa submerger par le flot de sensations qui l’inondaient. Il lui fallait se lever pour éviter la noyade émotionnelle et la sécheresse ophtalmique. Il passa de son lit à son canapé, l’ordinateur portable bien en main. Face à sa baie vitrée, il augmenta le son de la musique. Les notes de Mark Knopfler semblaient l’encourager à lui écrire. Et s’il commettait des maladresses ? S’il écrivait mal ? Si ses fautes d’orthographes la rebutaient ? Elle semble manier les mots avec une telle aisance, une telle justesse….
Eros se leva d’un bond, comme pris d’une urgence vitale ; il ouvrit sa grande baie vitrée et avala l’air frais du matin à pleins poumons. Ses battements de cœur ralentissaient. Il pouvait lui répondre.
« Chère Elle, dont je ne connais même pas le prénom. J'ai du rougir en lisant tes gentillesses. Elles me vont droit au cœur Merci. Assis dans mon canapé, ou plutôt avachit comme à l'habitude, ma baie vitrée grande ouverte, j'ai l'impression d’être dans une volière. Pies, troglodytes, merles,  mésanges, hirondelles, ils sont tous venus. Ils se sont passés le mot pour me souhaiter une bonne journée, c'est sur. Je dois presque tendre l'oreille pour percevoir la musique de Mark Knopfler, qui est là, lui aussi, comme souvent. Tout ça ressemble à du bonheur. Les résineux de la résidence font mon tableau. Sublimés par la grisaille de l’arrière plan. Des verts de toutes nuances et de toutes formes. La fraicheur envahit peu à peu mon appartement me rappelant qu'il va falloir me préparer pour sortir.  Je commanderai à mon soleil d'aujourd’hui d'aller visiter l’endroit où tu te trouves, histoire de te réchauffer. J'ai l'impression qu'il perce, ça y est, premier rayon, et la lumière fut, je peux décoller… avec qu’une hâte cependant… celle de rentrer pour te lire de nouveau ».

La suite au prochain épisode…
ZE VENUS ZB , 11 juin 2016

Ecriture à 4 mains