jeudi 15 mai 2014

LES Z'AVENTURES DE ZE VENUS - LA FELOUQUE OUBLIEE -Episode 3


La felouque oubliée – Episode 3

Au vu de l’état du lit, Inès comprit que son sommeil avait du être agité. Elle avait encore tant de questions à poser à Granny sur ce mystérieux homme dont elle avait été si amoureuse.
Sa grand-mère l’attendait dans la cuisine devant une tasse de thé à la menthe. Elle lui avait préparé un petit déjeuner gargantuesque.
-         Bonjour Inès. Après notre petit déjeuner, nous irons en bord de mer. J’ai prévu le pique nique. Je sais que tu meurs d’impatience d’entendre la suite de mon histoire.
-         Où est grand-père ?
-         Dans le jardin. Il ne viendra pas avec nous. Rassure toi il est au courant de tout et il est presque soulagé que je te transmette ce pan de ma vie…
Inès avala son petit-déjeuner rapidement. Elle prit le volant et au bout d’une heure elles arrivèrent à une plage de galets. Une fois bien installées, un silence de recueillement les enveloppa. Granny regardait loin vers l’horizon. Après une longue inspiration, elle reprit le cours de l’histoire de la felouque oubliée.

L’instant parfait

J’étais donc face à cet homme qui me semblait si familier. Il me proposa de marcher le long de la plage. Pendant des heures entières, nous nous sommes parlés. Il m’a racontée sa jeunesse, ses amours, ses déceptions, ses fantômes du passé. Il s’appelait Dihem. Il n’était pas ce qu’on pourrait appeler un bel homme mais il avait un charme fou. Tout en lui me plaisait ; même ses imperfections.

Dihem avait grandi sur cette île qu’il chérissait plus que tout. Sa famille habitait Tunis mais elle avait gardé un pied à terre sur Kerkennah. Dihem y passait tous ses week ends et toutes ses vacances. Il travaillait à Sfax comme manœuvre sur le port. Lorsqu’il était sur l’île il marchait des heures le long de la mer, les pieds nus et prenait des photos, une autre de ses passions.

Nous nous sommes racontés nos vies comme s’il y avait urgence à tout se dire et à se connaître davantage.
Pendant que nous marchions, nos mains s’effleuraient malgré nous. Tout en lui m’attirait. Tout en moi l’attirait. Une attraction contre laquelle on ne pouvait pas lutter.
-         Je meurs d’envie de te prendre la main, lui dis-je
-         Et moi donc…mais ça ne se fait pas ici, répondit Dihem. Je n’arrive pas à aller contre ce carcan de la tradition, pardonne moi.

Dihem m’expliqua sa culture, ses traditions. Bien qu’il vivait en homme libre, il n’arrivait pas à se défaire de certaines coutumes. Aussi il ne se promenait pas main dans la main avec une femme.
-         Je vais te faire découvrir nos spécialités culinaires. Tu m’en diras des nouvelles.
-         J’ai déjà pu profiter de plusieurs plats et j’ai tout aimé. Je veux bien en découvrir d’autres. Leur saveur, j’en suis sure, sera meilleure en ta présence…
Le regard complice, et toujours les pieds nus, nous arrivâmes à un restaurant sur la plage.

Seuls au monde

Contre toute attente, Dihem commanda une bouteille de vin d’un grand cru. Devant mon air surpris, il éclata de rire :
-         Je t’ai dit que je respectais certaines coutumes mais je suis un bon vivant. Une rencontre comme la nôtre n’arrive qu’une seule fois dans une vie. Trinquons à cet instant parfait, veux-tu ?
-         J’ai l’impression de vivre un rêve éveillé. Je suis partie pour fuir quelqu’un et une vie dont je ne voulais plus. Ici, je me suis trouvée…ou plutôt je nous ai trouvés !
Je ne sais si c’est l’alcool ou la magie du moment, mais j’étais euphorique et je ressentais une incroyable légèreté. Il y avait quelques clients dans le restaurant mais c’est comme si nous n’étions que tous les deux. On ne se dévorait des yeux. Plus rien d’autre ne comptait. Juste lui et moi.

Nous sommes retournés nous asseoir là où nous nous étions rencontrés. Il était tard. La lune nous donnait juste un peu de luminosité. Personne autour.
Dihem m’enlaça de ses bras et nous nous sommes embrassés avec une infinie tendresse.

-         Granny tu pleures ? demanda Inès
-         C’est l’émotion ma chérie. Il est des instants uniques dans une vie qui restent en nous jusqu’à la tombe. Il faut savoir les saisir ; les vivre et ne pas les regretter surtout ; ne l’oublie jamais.
-         Ton histoire est tellement émouvante Granny. Vous sembliez vous aimer profondément et pourtant aujourd’hui c’est avec grand-père que tu vis. Je n’y comprends rien Granny ; s’il te plait continue ton histoire. J’en ai des frissons.

Granny lui sourit et lui caressa la joue comme lorsqu’elle était petite. Dans son regard on pouvait y lire la patience et la tolérance de ceux qui savent la perfection des imperfections de l’existence.
 
La suite de « La Felouque oubliée » dans le prochain épisode…

ZE VENUS ZB, 15 mai 2014  

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