Naufragés de la
vie
Des
jours et des nuits à friser la famine
Des
hivers transis de froid dans notre hameau
Les
étés à quémander la moindre goutte d’eau
Et
cette lutte permanente contre la vermine
Le
pourquoi dans les yeux de mes enfants
A
été je crois le paroxysme de l’insupportable
Il
me fallait agir contre cette faim intolérable
Et
éloigner de nous cet avenir morbide latent
Leur
père avait rejoint l’au-delà il y a plusieurs lunes
Dans
une guérilla dont je cherche encore la raison
Père
et époux, hommage à lui dans une ultime oraison
Pour
sauver nos quatre enfants je devais quitter ces dunes
Des
milliers de nafka au passeur pour atteindre Misrata
L’espoir
d’atteindre cette île sublimée de Lampedusa
Nous
fit supporter la faim qui tenaillait nos entrailles
La
peur rendait nos regards figés et opprimait nos poitrails
Arrivés
au port de Zuwara les doutes me firent hésiter
Mais
comment, devant cet infime espoir, décider de reculer ?
L’étendue
de la mer paraissait si vaste, les vagues imposantes
Notre embarcation, petit bateau de pêche, semblait si défaillante
Assis
les uns contre les autres, nous luttions contre la peur
Des
heures et des heures enfermés dans ce monde de torpeur
Seuls
les pleurs des enfants brisaient ce silence assourdissant
Et
les prières ça et là des hommes et femmes psalmodiant
L’état
de la mer devenait de plus en plus menaçant
Le
visage du passeur reflétait le danger imminent
J’enlaçais
mes quatre enfants dans une étreinte ultime
Et leur demanda pardon avant de rejoindre l'abîme
NDLR : Comme moi vous avez entendu
parler de ce drame des naufragés au large de l’île de Lampedusa. Comment rester
indifférents devant ces tragédies humaines ? Des centaines d’hommes et de
femmes ont décidé un jour de quitter l’Erythrée pour fuir la famine et offrir
un autre avenir à leurs enfants. De notre regard d’occidentaux, cela nous
parait suicidaire…et on a vite fait de les juger en se disant qu’ils ont
conduit leurs enfants à la mort… Mais imaginez que vos enfants crient famine
tous les jours ; qu’ils vous supplient de leur donner un peu d’eau ; que
vous les entendiez hurler la nuit de douleur ; que vous voyiez leurs visages
se creuser et leur squelette devenir apparent ?
Et vous, qu’auriez vous fait ?....
ZE VENUS ZB, 6
octobre 2013
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