Conte de Mediza
Il
était une fois un poulpe malheureux
Qui
s’échoua un jour sur une île déserte
Il
lui conta son chagrin d’amour tel un aveu
L’île
était pleine de bon sens et très ouverte
Elle
le consola et se prit à l’aimer un peu
Le
poulpe souffrait encore de sa perte
Mais
il s’avouait charmé par ses beaux yeux
Et
ses palmiers aux larges feuilles vertes
Au-delà
de ses formes il se sentait bien sur cette île
Quand
il lui arrivait de s’éloigner de quelque mille
Le
manque d’elle suintait de son corps par gouttelettes
Pourtant
il était loin d’être, avec elle, toujours tendre
Sans
raison notre poulpe crachait soudainement son encre
Puis
il disparaissait sans crier gare dans une gargoulette
Il
en ressortait bien après pour revenir vers sa belle
Amoureuse,
notre île l’aimait malgré tout de plus belle
L’un
et l’autre savait leur amour trop impétueux
Notre
poulpe sans son île était moins vertueux
Notre
île sans son poulpe ne brillait plus au soleil
Les
années passèrent ainsi entre mer calme et tempête
Notre
île et notre poulpe avaient sans doute trop d’orgueil
Aussi
aucun ne réussit à abaisser cette garde désuète
Un
jour alors que le temps était à la sérénité retrouvée
Ils
se regardèrent avec force et amour une dernière fois
L'échange
était serein comme si leurs âmes communiaient
Notre
poulpe regagna les profondeurs de la mer avec effroi
Laissant
derrière lui notre île submergée par les eaux
L’île
et le poulpe s’aimeront toujours malgré ces adieux fataux
ZE VENUS ZB, 23 avril 2014
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