Après
le texte autobiographique sur mon enfance kabyle, des amis m’ont questionnée
sur les coutumes kabyles, les rapports hommes femmes de l’époque, la place des
enfants dans les familles, etc… De ce questionnement et des nombreuses
conversations avec mes enfants toujours friands de mes souvenirs d’enfance,
j’ai eu envie d’écrire une sorte de nouvelle dont l’héroïne serait Tassadit,
une kabyle. A travers son récit vous pourrez découvrir des éléments de la
culture kabyle. Cette histoire n’a aucune valeur historique. Elle puise sa
source dans des faits relatés par des proches et dans mon vécu….
Un
mot sur la chanson qui habille ce texte « Le petit village », écrite
par le chanteur Idir et chantée par les enfants de la chorale Tidukkla en 1988.
J’ai bercé mes fils aînés avec cette chanson lorsqu’ils étaient tout petits… cette
chanson symbolise leur enfance…..
Tassadit
– Une enfance heureuse
Tassadit
(qui signifie « la bienheureuse » en kabyle) habite un petit village
nommé Akbou qui se trouve en petite kabylie à une heure environ de la grande
ville côtière de Bejaïa (située à l’est d’Alger). Elle habite dans une maison
avec une cour à ciel ouvert comme celle qui a été décrite dans le texte précédent
(Une enfance Kabyle). Tassadit est
l’aînée de 3 enfants. Elle a 5 ans, sa sœur 4 ans, et son frère, 3 ans.
Une
famille élargie
Tassadit
et toute sa famille habitent dans la maison de ses grands-parents paternels.
C’était ainsi à l’époque, la mariée venait s’installer dans la maison de ses
beaux-parents. Il était rare de trouver des jeunes mariés ayant leur maison
sitôt le mariage passé. Il y avait ainsi 3 voire 4 générations sous le même
toit. Tassadit, dans ses 3 premières années, a eu le plaisir de côtoyer son
arrière grand-père. Elle n’en a que peu de souvenir mais ce sont de bons
souvenirs. C’était son papy chasseur. Il était petit mais robuste et trapu. Il adorait
la chasse et Tassadit se souvenait de ses retours de chasse. Il étalait
fièrement ses captures (des cailles très souvent). Sa grand-mère les plumait
soigneusement assise sur une natte posée au sol. Elle finissait d’enlever les
poils en passants rapidement les cailles au-dessus du feu. Tassadit
adorait cette odeur. Aujourd’hui encore elle lui rappelle son arrière-grand
père chasseur.
Tassadit,
comme tous les enfants du village, n’allait pas à l’école avant 7 ans. Aussi
elle avait de belles années d’école de la vie !! Après son petit déjeuner
(un morceau de galette et du lait frais) elle rejoignait ses copains et copines
du même âge dans les ruelles du village.
Ils
passaient leur matinée à jouer aux osselets, fabriquaient des ballons avec
lesquels ils jouaient jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Ils utilisaient
des brindilles pour dessiner sur la terre battue, suivaient en les observant
les serpents près du torrent, jouaient à s’éclabousser avec de l’eau,et… Les
rues de leur village n’étaient pas goudronnées. Les enfants et les adultes
marchaient donc bien souvent pieds nus. Tassadit adorait particulièrement
sentir la terre sous pieds. Ses tantes la taquinaient sur ce point et lui disait qu'elle était une vraie fille de la terre. Des années plus tard, quand Tassadit sera adulte,
elle continuera de rester pieds nus chez elle… comme un clin d’œil à ses
racines…
Tassadit
rentrait ensuite déjeuner avec ses parents, grands-parents, frère et sœur. Bien
souvent, un plat constitué de poivrons grillés, tomates grillés, cuisinés à
l’huile d’olive et qu’on mangeait à l’aide de galette de blé dur. Nul besoin de
fourchette !! La famille s’attablait autour d’une table basse et
s’asseyait sur de petits tabourets façonnés sur mesure par son grand-père.
Ainsi ils étaient au bon niveau pour être à l’aise.
Une dolce vita kabyle
Pendant
que sa mère et sa grand-mère s’affairaient dans la cuisine. Tassadit rejoignait
son grand-père à l’ombre de l’olivier.
Alors, la tête sur ses genoux, elle l’écoutait lui raconter des histoires
d’antan qui commençaient toujours par « amachao » (il était une fois
en kabyle). Elle s’endormait parfois sur la natte posée à même le sol à l’ombre
de l’olivier protecteur. Tassadit gardera toujours en elle cette sensation
d’apaisement à la vue des oliviers.
Le
village devenait silencieux de 12 à 16 h. Il faisait trop chaud pour s’affairer
donc petits et grands faisaient la sieste. Au réveil, pendant que les grands
vaquaient à leurs occupations (qui de laver du linge à la main, qui d’aller
chercher de l’eau au puits du village, de nettoyer la maison, etc), Tassadit allait retrouver ses
amis. Elle jouait ainsi jusqu’au dîner. Parfois, son grand-père lui donnait une
petite pièce qui lui permettait de s’acheter un bonbon à l’épicerie ou une
glace à l’eau.
Les
heures s’écoulaient ainsi en douceur pour Tassadit. Une enfance heureuse en
somme faite de découvertes, d’amusement, et d’apprentissage à l’école de la vie.
Pas de télévision, pas de jeux vidéos et nul besoin car les enfants étaient
pleins de ressources et d’imagination avec ce qu’ils trouvaient dans la nature.
Les enfants étaient en sécurité dans le village car tous les adultes veillaient
sur eux. Ils ne risquaient donc rien et se savaient protégés.
Ainsi
se sont déroulées les 7 premières années de Tassadit.
Dans
le prochain épisode, nous découvrirons comment Tassadit basculera de cette
petite enfance insouciante et candide à l’adolescence et aux prémices de sa
future vie de femme dans une société kabyle à domination masculine….
ZE VENUS ZB, 10
juin 2013
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